plutôt leurs conjectures & leurs opinions, que de véritables éclaircissemens. Etudier l’histoire ancienne dans de pareils écrits, c’est étudier les sentimens des modernes, & les systêmes de leur imagination.
La connoissance des actions des premiers hommes est une mer vaste & inconnue sur laquelle on navigue sans carte & sans boussole. La Génèse & les livres sacrés que nous a laissés Moyse, ne peuvent suffire à nous éclaircir. S’ils parlent de la création de l’homme, de la formation ou du rétablissement d’un peuple, c’est toujours par rapport aux juifs : ils omettent & ne font aucune mention de ce qui ne sert point à illustrer notre nation. On ne peut cependant douter qu’il n’y eût alors d’autres peuples : & les fragmens qui nous restent de l’histoire des premiers Egyptiens, des Ethiopiens, des Scythes & sur-tout des Chinois, en sont des preuves convaincantes.
Mais notre auguste législateur n’a cherché dans ses écrits que ce qui caractérisoit notre nation, sans se soucier de faire mention des autres, qui n’y avoient aucun rapport.
Si nous remontons plus haut, & que nous approchions du tems du déluge, nous trouvons mille difficultés insurmontables.