Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/81

Cette page n’a pas encore été corrigée

Lettre XXXVIII.

Aaron Monceca, à Isaac Onis, rabbin de Constantinople.

Mes méditations philosophiques sont interrompues quelquefois par l’étude de l’histoire. Je délasse mon esprit en parcourant tout ce qui s’est passé dans les siécles les plus éloignés : je m’entretiens avec les grands-hommes morts depuis deux ou trois mille ans ; & je crois être devenu leur contemporain, en lisant leurs discours & leurs actions.

C’est un grand malheur, mon cher Isaac, pour tous les gens qui s’appliquent à la connoissance de l’histoire, que l’embarras & la confusion qui y regne jusqu’à deux ou trois cent ans après le déluge. Peu d’auteurs ont écrit de ces tems si reculés ; & ce peu n’est pas arrivé jusqu’à nous. Les morceaux & les fragmens qui nous en restent ne servent, par leur ambiguité & par leur différence,qu’à occasionner des disputes parmi les sçavans, d’autant plus difficiles à éclaircir, qu’ils proposent