Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée

où l’on distribuoit la soupe : cette façon de parler lui paroissoit ignoble. Après avoit cherché quelque façon de s’expliquer oblique, il n’en trouva pas de meilleure que de demander, au François s’il avoit déjà été prendre son chocolat A usted tomado su chocolate ? Mon chocolat ! lui répondit le Parisien, & comment diable voulez-vous que je le paye ? Je vis d’aumônes : & j’attends qu’on distribue la soupe au couvent des Franciscains. Vous n’y avez donc pas encore été, dit le Castillan ? Non, reprit le Parisien ; mais voici l’heure, & je vais m’y rendre. Je vous prie de m’y conduire, dit le glorieux Espagnol. Vous y verrez don Antonio Perez de Valcabro, de Redia, de Montalva, de Vega, &c. y donner à la postérité une marque de son humilité.

Et qui sont tous ces gens-là, demanda le François ? C’est moi seul, répondit le Castillan. Si cela est, répliqua le François, dites plutôt un exemple de la nécessité du bon appétit.

Porte-toi bien, mon cher Monceca : vis content, & conserve ta santé.


De Turin, ce…

***