Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/356

Cette page n’a pas encore été corrigée

réputés en odeur de quelque sainteté, comme le chameau qui apporta l’Alcoran à la Mecque. Ils ont le don & la vertu de ne broncher jamais, & sont d’une humeur très-docile, ainsi que leurs autres confrères : mais ils les surpassent beaucoup en pénétration ; ensorte qu’on peut les laisser marcher à leur fantaisie, sans craindre qu’ils s’écartent du chemin.

La principale cérémonie que font les pélerins, lorsqu’ils sont arrivés, consiste à faire le tour du temple, en marchant sur leurs genoux. Cela fait le plus plaisant spectacle du monde. Figure-toi, mon cher Aaron, de voir d’eux ou trois cent écoliers, qui jouent à cloche-pied, & sautent tous les uns après les autres : l’un en tombant, entraîne celui qui marche devant lui. Il en arrive de même aux pélerins de Lorette, qui se disputent à qui cotoyera le plus près la muraille du temple ; ensorte que les uns allant du même côté par où les autres viennent, il arrive très-souvent que la dévotion ne se termine pas dans quelques gourmades & coups de poing.

Tu me demanderas, mon cher Monceca, dans quel tems, & comment, je pense que cet édifice a été construit ? Il ne me sera pas aisé de te donner sur