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avoir ni patrie ni bourse. Car quant à la religion, outre l’impiété qu’il y a dans ce sentiment, elle ne force point à déguiser la vérité. De Thou étoit nazaréen papiste, & est aussi estimé des nazaréens réformés qu’il l’est de ceux de sa communion. Je sçais bien, que dans toutes les religions, il y a un nombre de gens outrés, qui ne peuvent souffrir qu’on blâme les défauts de ceux qui sont de leur croyance, & qu’on loue les vertus de ceux qu’ils pensent être dans l’erreur. Mais un historien n’écrit point pour des personnes pétries & nourries de préjugés, vils esclaves de leur fausse dévotion. Ils peuvent achever de remplir leur esprit de chimeres, & les puiser dans les livres faits par des moines ou par des prélats Italiens. Ils trouveront dans ces ouvrages un tissu d’invectives contre des personnes illustres, qui pendant leur vie, meriterent l’estime de l’univers entier.

Presque tous les écrivains nazaréens papistes, sont sujets à se laisser entraîner à leurs passions, & à déchirer tous ceux qui leur sont opposés, sans respecter la vérité. Ils se croyent autorisés par certains de leurs anciens docteurs, qu’ils appellent peres. Ces gens-là se sont répandus en invectives contre tous ceux qui n’étoient pas de leur sentiment, & ne respectoient