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eux-mêmes de quelqu’un qui écriroit qu’ils sont humbles, attentifs à fuir la gloire & peu touchés des biens & des grandeurs de ce monde ? N’a-t-on pas avoué que leurs mœurs étoient pures ; qu’ils étoient sçavans, doux, polis, honnêtes-gens même en particulier ? Aaron Monceca en eût voulu dire peut-être davantage mais il craignoit de mentir.

Quelques François, accoutumés à ne louer que leur pays, se sont plaints qu’Aaron Monceca avoit presque autant d’amitié & de passion pour les Hollandois, qu’Arouët de Voltaire pour les Anglois. Cet Hébreu connoissoit le mérite & les vertus de cette nation. Il étoit trop philosophe pour se contraindre, & pour déguiser ses sentimens.

S’il eût trouvé ailleurs les excellentes qualités qu’il a louées chez les Hollandois, il les eût applaudies chez les autres peuples. Sa sincérité lui fait blâmer les pernicieuses