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de Babylone, augmenterent les visions de ce livre, & le mirent au point où nous le voyons aujourd’hui [1] ; excepté quelques erreurs grotesques, que le rabbin Meyr ajouta vers l’année 546 aux ridiculités d’Asé son pere, dont il avoit les mémoires.

Je te demande donc, mon cher Monceca, si tu crois que l’autorité d’un pareil ouvrage, dont je vois grossir les fautes avec le tems, & qui s’éloigne en tout de la premiere simplicité de notre religion, doive prévaloir dans mon esprit sur les écrits de Moyse & des anciens prophétes, & sur la lumière naturelle qui me démontre évidemment que le Talmud n’est qu’un ramas d’impostures, de chimères & de blasphêmes ?

Quel est l’homme, je ne dis pas éclairé, mais le plus imbécille, qui n’ait un mépris infini pour un livre qui assure que Dieu a commandé un sacrifice pour expier ses fautes ? Dieu est pécheur, Dieu est sujet au vice ! il n’est donc point parfait : il est donc sujet à tous les malheurs de l’humanité ? Comment ose-t-il punir le crime, lui qui le commet ? Je frémis, mon cher Monceca, en transcrivant ces blasphêmes, & ma main se refuse à les

  1. Le Talmud de Babylone.