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Lettre XLI.

Aaron Monceca, à Isaac Onis, Rabbin de Constantinople.

J’étois hier à la comédie Italienne, & je suis charmé de la manière naïve & du jeu sensé des acteurs. J’y trouve une vraisemblance qui m’attache d’autant plus, qu’elle approche de la réalité. La comédie étant le portrait de la vie humaine, le comédien ne plaît qu’en imitant l’original qu’il copie. Quelque bonne que soit une pièce, elle languit, si elle est représentée par de médiocres acteurs. De bons comédiens, au contraire, font souvent réussir un ouvrage qui ne peut soutenir la lecture. La plupart des pieces qu’on joue sur le théâtre Italien, sont dans le cas. Elles ont plus de brillant que de solide. La représentation en est amusante, la lecture fade & peu instructive.

Quelques auteurs avoient inventé un nouveau genre de comédie, qui joignoit une morale sensée aux plaisanteries d’Arlequin. [1]

La scène Italienne,

  1. C’est ce qu’on verra avec plaisir dans les pieces intitulées : La double inconstance, & la surprise de l’amour, &c. par MARIVAUX ; Timon le misanthrope, Arlequin sauvage, &c. par DE LILLE, mort à Paris depuis quelques années, & non pas le médecin de la Haie, comme on l’a très-mal à propos avancé.