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il envoie au bacha du Caire une bague de crin, qu’il aura faite lui-même [1] ; à celui de Smyrne, un arc ou un javelot.

L’honneur de recevoir un semblable présent est toujours suivi d’un grand nombre de bourses, que donne celui à qui il est envoyé. Le souverain pontife en use de même. Comme il ne s’occupe point à des ouvrages manuels, ainsi que les sultans, il n’envoye ni arc, ni bague : mais il adresse à tous les pontifes subalternes un écrit, par lequel chaque nazaréen, à qui il le distribue, moyennant une certaine somme, est dispensé de certain point de religion comme de manger maigre, de jeûner pendant le carême, &c.

Il y a beaucoup de gens, qui, pour leurs commodités, achetent de cette marchandise. Il en est encore une d’un plus grand prix, mais qu’on vend moins communément : elle se négocie lorsqu’on veut épouser une de ses parentes. Outre ces marchandises, qu’on ne peut avoir, si l’on ne les paye selon le tarif auquel elles sont fixées, il y a quantité d’autres choses, dont on laisse le prix à la générosité d’un chacun, & qui passent sous le titre d’aumônes.

Pour exciter la charité des nazaréens, le pontife, de temps en temps,

  1. Les grands-seigneurs apprennent tous un métier.