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peuples, autant que les loix doivent être au-dessus de lui. J’ajoûterai même, que s’il viole les loix, il faut laisser au ciel à juger de la punition qu’il mérite, dont ses sujets ne peuvent & ne doivent jamais connoître. Quel embarras, quel trouble, quelle division ne s’ensuit-il pas du principe contraire ? Dès qu’il y a deux partis dans un état, il est impossible qu’un roi les satisfasse tous les deux également. Les mécontens pourront aisément couvrir leurs révoltes de la nécessité d’empêcher le violement des loix.

Nous voyons rarement dans nos livres, que nos peres aient pris les armes contre les rois d’Israël : s’ils l’ont fait, Dieu a permis qu’ils en aient été punis rigoureusement, eux & leurs chefs. Le sort d’Absalon peut servir d’exemple à ceux qui se laissent entraîner à l’esprit de révolte. J’espère que tu trouveras mes réflexions justes. Je sais qu’elles ne sont pas sans réplique ; mais je crois qu’elles tendent à maintenir le calme dans la société.

Pour concevoir une idée de ces feuilles volantes dont je viens de te parler, figure-toi les lettres que je t’ai écrites. Si je les communiquois à quelqu’un, & qu’il s’avisât de les rendre publiques, il en feroit un ouvrage périodique.