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La parole de Dieu, les mysteres de la foi, tout doit être à la mode. Un prédicateur qui n’a pas la vogue, prêche aux bancs de l’église, ou à la populace ; il est, pour les gens du bel air, comme un mandarin de la Chine qui débiteroit la croyance de Confucius : encore peut-être écouteroit-on ce dernier par curiosité. La façon de penser sur la religion est encore sujette à la mode. Il a été un tems qu’on étoit moliniste : on est ensuite devenu janséniste ; on a retourné au molinisme. Le jansénisme regne aujourd’hui : peut-être, sera-ce demain la fin de son regne.

« Les saints ne sont point exempts du goût pour la nouveauté. Saint Pierre, saint Paul, ont été remplacés par sainte Genevieve. Le crédit de sainte Genevieve est passé : saint Pâris a pris le dessus, jusqu’à ce que quelque autre remplisse sa place. L’amour de Dieu a même été sujet à la mode. Il y a eu un tems, où l’on a cru en être dispensé. Des gens qui se piquoient d’austérité dans les mœurs, avoient introduit ce dogme abominable, & le soutenoient par des argumens pitoyables & ridicules. »