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une visite de bienséance : sa présence acheve de persuader ; & le mari n’est point encore enterré, que la veuve est déjà remariée. »

De semblables mœurs. mon cher Isaac, ne sont-elles pas une punition visible de la colere de Dieu ? Il noya autrefois Pharaon & les Egyptiens dans la mer rouge : il abîme les nazaréens dans un gouffre de perdition & de réprobation. Il a garanti son peuple de ces excès, & le vice n’a pu se naturaliser ainsi chez nous. Nos femmes ont levé les mains au ciel conjointement avec nous : elles ont béni le dieu d’Israël ; & il n’a point répandu, ni sur elles, ni sur leurs enfans, l’esprit de perdition.

As-tu jamais réfléchi, mon cher Isaac, sur le caractere des femmes juives ? Ce sont les seules de l’univers, sur qui les mœurs des pays n’influent pas : elles ont par-tout la même liberté & la même retenue. L’Europe, l’Asie, l’Afrique, les voient également vertueuses : il n’en est pas ainsi des femmes des autres religions.

Les mahométannes doivent leur sagesse aux verroux, aux portes & à la vigilance des eunuques : elles ont autant de penchant à l’infidélité que les nazaréennes ; & elles sont même moins difficiles à seduire. Lorsque l’occasion est favorable, la conclusion suit