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je me livre à l’étude & à la philosophie, & moins je suis persuadé des visions de nos rabbins. Je t’ai déjà écrit ce que j’en pensois. Il seroit à souhaiter pour le bien d’Israël qu’ils fussent tous aussi sages que toi. On ne nous reprocheroit pas ces opinions, qui n’ayant rien qui porte préjudice au fond de notre religion, à laquelle elles n’appartiennent point, ne laissent pourtant pas de nous faire du tort dans l’esprit de ceux qui n’approfondissent pas les choses. On devroit, lorsqu’on veut juger d’une religion, en ôter l’écorce, & n’en examiner que le fonds, & ce qui en fait la base. C’est là en quoi consiste la croyance ou la foi. Mais que peut-on décider sur un ramas de maximes & de coutumes qui ne signifient rien, qui ne sont à la religion que ce qu’un habillement est à un homme ? Elles ne servent qu’à couvrir les défauts ou la beauté d’une loi.

Je suppose pour un instant qu’un philosophe Chinois, un sectateur de Confucius qui n’a aucune idée de l’Europe, y soit transporté.

On le rend juge de la beauté du judaïsme. Un nazaréen lui en fait d’abord un portrait vrai mais pourtant un peu ridicule. « La loi, lui dit-il, des Israélites consiste à ne point couper du pain qu’avec leur