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la préférence : il y a dans tous les pays le moins bon & le moins mauvais ; & l’on ne sait pas trop pour quel parti se déterminer. L’état monarchique conduit sagement, est un état heureux & fortuné. Le gouvernement républicain, lorsqu’il est prudemment partagé entre le peuple & les magistrats, ainsi que celui des Provinces-Unies, assure une éternelle liberté. Mais aussi ces différens gouvernemens sont sujets à de terribles retours. Un Néron fait plus de mal lui seul, que dix Titus ne sauroient faire de bien. Il fut impossible à Henri IV, de réparer la centieme partie des maux qu’avoit causés Henri III, son prédécesseur. Il arrive dans les républiques des événemens aussi préjudiciables au bien de l’état. La haine de quelques particuliers plonge tout le peuple dans des calamités étonnantes. Sylla & Marius, Pompée & César, Auguste & Marc-Antoine firent plus périr de citoyens, que cent ans de guerre contre les ennemis de la république, La derniere division des Suisses leur a causé des maux dont ils se ressentiront pendant long-tems.

Il est moralement impossible de trouver une forme de gouvernement qui n’ait son bien & son mal. La meilleure est celle qui est la moins mauvaise. On