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que pour régler les affaires dont ils sont chargés. Cette foule d’eunuques, de capigis, de bostangis, & d’autres personnes destinées pour le service du serrail, ne sont qu’un ramas de domestiques & de gardes. Ainsi l’on peut dire qu’il n’est point de courtisan attaché auprès du grand-seigneur. Il choisit quelquefois parmi ses visirs, ou bachas, un ou deux favoris : ce sont là les seules personnes qui le voient, sans qu’ils s’agissent de régler quelque chose qui concerne leur jurisdiction. Toute sa cour se réduit à quelques eunuques noirs, quelques muets & quelques nains. Pour des dames, il y en a peut-être autant qu’en France ; mais elles sont plutôt les esclaves de deux ou trois favorites, que leurs compagnes & leurs égales.

La maniere de vivre des sultans a quelque chose de sombre & de solitaire. Il sont enfermés dans leurs palais. La plupart ne se montrent au peuple que dans certains jours. Esclaves de leur propre grandeur, ils ressemblent aux idoles nazaréennes dont je t’ai parlé, qui ne sortent de leur étui que par la permission de leur gardien.

Les monarques François vivent d’une maniere bien différente. Ils mangent en public ; ils se montrent aussi familiérement