Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/20

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les invectives des faux dévots ont fait si peu d’impression sur les honnêtes gens, & sur les personnes d’un certain rang, que divers souverains m’ont fait assurer de leur protection, si je voulois me retirer dans leur état. Il n’y a pas encore trois mois qu’un des plus illustres, des plus estimables, & des plus respectables princes d’Allemagne, frere d’un grand roi, dont les vertus égalent la naissance, répondit à une personne de distinction qui lui avoit écrit à mon sujet, que si j’avois dessein de m’établir dans son pays, j’y jouirois de sa protection dans une pleine & entiere liberté. Ma santé ne m’a pas permis de pouvoir être assez heureux pour aller le remercier de ses bontés, & elle m’oblige à me fixer dans un autre climat. Mais, dans quelque endroit que je sois, je me moque de la haine des hypocrites, des faux-dévots, & de celle de tous mes ennemis. Je leur conseille donc de se tranquilliser, &