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que voilà des méditations assez convenables à des médecins : mais je pense qu’elles sont peu propres à l’édification des jeunes personnes. En effet, comment une fille de quinze à vingt ans, ou un jeune homme du même âge, peuvent-ils penser sérieusement & sans distraction à cette semence écumeuse, qui vient ensuite à se congeler ? Il est ridicule de donner à de pareils discours le titre de Méditations très-dévotes. Si cela peut avoir lieu, il faut aussi placer cette saillie Italienne parmi les sentences édifiantes & pieuses : Penso, è ripenso, come l’uomo sia fatto dello sputar d’un cazzo. [1] Ces paroles sont le juste équivalent de celles du docteur nazaréen.

Albert & Thomas d’Aquin, qui vinrent après Bernard, furent beaucoup plus savans que lui. Ils profiterent de l’étude des livres d’Aristote, dont le prophête des croisades avoit voulu qu’on interdît la lecture. Les sciences commençoient à jetter quelques étincelles, & à renaître de leurs cendres dans le

  1. On doit pardonner la licence de ce passage Italien, en faveur de la ressemblance avec celui de S. Bernard.