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contraires à son état eussent flétri sa mémoire.

Il est heureux pour bien des personnes d’être nées dans de certains tems. Elles doivent à la superstition & à l’ignorance autant que plusieurs conquérans ont dû aux circonstances & au hasard. Si Alexandre eût vécu dans le siecle de César & de Pompée, c’eût été un petit roi de Macédoine, qui se seroit estimé heureux de servir sous un de ces Romains.

Il n’auroit pas joué dans le monde un rôle plus brillant que celui de Déjotarus, de Ptolomée & de tant d’autres souverains. Si les Cyrille, les Grégoire du Nazianze, les Augustin, & divers autres, avoient écrit sous Henri III & Henri IV, on les regarderoit comme des séditieux, ou comme des gens qui ont prêché quelquefois une morale entiérement contraire à l’équité naturelle. Est-il rien, en effet, qui soit plus directement opposé à l’humanité, que le sentiment qu’a soutenu Augustin ? Il prétend que, selon le droit divin, tout est aux justes aux fidéles, & que les hérétiques ne possèdent rien légitimement. Un moderne a fait à ce docteur une sévère réprimande au sujet de cette opinion, si contraire à la tranquillité publique. Ce