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Je me trouvai hier à l’enterrement d’un nazaréen. Les cérémonies m’en parurent aussi nouvelles que celles que j’avois déjà vûes dans leur église. Une grande quantité de moines marchoient deux à deux dans les rues, en chantant un certain air lugubre. Parmi ces moines, il y en avoit de vêtus de plusieurs manieres & de différentes couleurs. Les uns étoient habillés de gris, portoient une longue barbe, & n’avoient pour chaussure qu’une sandale de bois. Les autres étoient noirs & blancs, & sans barbe. Il y en avoit d’une couleur verdâtre. Tous ces moines formoient plusieurs corps différens : & ils étoient divisés selon leurs vêtemens. A la tête de chaque troupe, on portoit un étendard fait en croix, assez ressemblant aux enseignes des bachas, si ce n’est qu’il n’y avoit point de queue de cheval qui pendît aux bâtons. Ces premiers prêtres, qui formoient comme l’avant-garde, étoient suivis par d’autres couverts d’une espèce de manteau à-peu-près semblable aux cappes des bergers de l’Arabie. Des hommes leur soutenoient un des bouts de la robe.

Ils avoient chacun un long flambeau à la main : l’on eût pû les prendre pour ses lanciers, qui faisoient le corps d’armée. Ils formoient autour du mort, que quatre personnes portoient,