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Lettre VIII.

Aaron Monceca, à Isaac Onis, rabbin de Constantinople.

Je suis étonné tous les jours de la grande puissance du roi de France. Je ne doute plus de ce que m’avoient dit quelques négocians de Pera. C’étoit avec peine que j’ajoûtois foi à leurs discours, lorsqu’ils m’assuroient que leur prince étoit en état d’exécuter des entreprises, auxquelles le grand-seigneur n’oseroit penser. Trois choses sont les principaux mobiles de sa grandeur : l’amour de ses sujets ; l’abbaissement des grands, que les rois ses prédécesseurs ont abbattus & appauvris ; & l’heureuse situation de ses provinces, qui sont excessivement peuplées. Comme je vantois au chevalier de Maisin l’état florissant de ce royaume : Vous ne voyez, me dit-il, que les restes de notre grandeur. Nous nous sommes détruits nous-mêmes ; & nos divisions intestines ont fait ce que nos ennemis n’avoient pu exécuter.

« Quelques points de religion continua-t-il, ayant partagé les esprits il y