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nais qui ne se consolaient pas de cette mort survenue six ans avant, en 1834, « Mon Dieu ! que Fâme est une belle étoile ! » écrivait à ce propos Marceline, et encore : « La vie, quel passage ! Quelle chartreuse ! Quel noviciat de Téternité !

» Et l’un des trois amis du pauvre mort, M. F. Goignet, 

de s’écrier aussi :

Ce qu’il cherchait, enfant ? Ce qu’on cherche en ce monde, Une place rêvée, un avenir, un sort ;

Ce qu’en roulant ses Ilots semble aussi chercher l’onde. Ce que l’on trouve dans la mort.

Mais Sainte-Beuve, ce fossoyeur joyeux des gloires défuntes, n’était-il pas trop l’ami de la fortune littéraire et le contemplateur béat des soleils levants dans le nouveau ciel romantique, pour être plus généreux envers Aimé de Loy que Victor Hugo venait de le paraître envers Ymbert Galloix, un autre malheureux de l’infortune littéraire ? Qu’avait trouvé Victor Hugo, que la matière d’uii article d’hôpital et d’anatomie littéraire, dans la vie et dans les malheurs d’un pauvre genevois s’échouant à Paris et y mourant, vers cette même époque, après quelques mois de misère ? Des phrases, comme celles-ci : « mon unique ami, qu’ils sont malheureux ceux qui sont malheureux ! — Oh I qu’il fait bon être malheureux (comme Alfieri) avec 30.000 francs de rente !... A Paris, c’est cent fois pis qu’à Genève, personne ne lit de vers... Le malheur ne serait-il qu’une cruelle maladie ? Souvent j’anatomise mes douleurs, je les contemple froidement. L’idée qui prédomine chez moi, c’est que je n’y peux rien ! » Et après avoir fait parler le pauvre patient sur la table de marbre où il l’anatomise, Hugo reprend pour son compte la dissection du cadavre avec une virtuosité de plume froide, comme l’acier et comme l’âme du professeur d’amphithéâtre qui ne parle que pour l’école qui l’écoute et pour l’Institut qui l’attend :

(( Ge n’est pas un homme qui dit : « Je souffre », c’est un homme qui souffre. Ge n’est pas un homme qui dit : « Je meurs », c’est un homme qui meurt. Ge n’est pas l’anatomie étudiée sur la cire, ni même sur la chair morte ; c’est