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sens que d’apparente folie. Ce plaisant héros d’apparente ironie et de philosophie profonde, apparaît, dès la première page du livre, comme dans tout le cours de sa vie vagabonde, « toujpurs vêtu d’une vieille kurthe noire, râpée, qui avait fait dire de lui qu’il devrait s’estimer heureux si son âme partageait à demi l’immortalité de sa casaque ». Et la dernière page des aventures extraordinaires de ce pauvre gueux qui n’avait pas vendu son ombre pour acheter guère de bon sens avec tout l’argent que ce marché de fou, triquant avec le diable, lui avait rapporté, finit sur cette dernière phrase où toute la raison perdue du malheureux se retrouve, hélas ! trop tard pour en faire la règle de sa vie : « Si tu veux vivre parmi les hommes, apprends à révérer, d’abord l’ombre, ensuite l’argent ; mais si tu ne veux vivre que pour toi et ne satisfaire qu’à la noblesse de ton être, tu n’as besoin d’aucun conseil. » Ce Pierre Schlemihl, sans femme, à notre connaissance du moins, c’est Aimé de Loy avec la dame de ses constantes et folles pensées que nous ne connaîtrons pas davantage. Mais l’étude en est curieuse, à travers les poèmes qui révèlent ce grand et malheureux poète, à peu près inconnu ou incompris jusqu’à cette heure. Continuons-la.

Sans doute, Sainte-Beuve l’a entreprise sur les instances affectueuses et presque maternelles de M"^^ Desbordes- Valmore qui s’entendait pourtant en poésie et qui se sépara avec des larmes de l’exemplaire qu’elle u ne pouvait lire sans pleurer », pour le faire lire aussi par lui qui n’y vit (( que d’ivraie dans sa gerbe, que de foin dans ses fleurs ». Le grand herbager des Lundis littéraires n’était-il pas trop grand pour s’incliner vers cette petite fleur de cimetière et pour cueillir pieusement aussi cette asphodèle de tombeau ? Car ce deuxième et dernier volume d’Aimé de Loy était un recueil posthume qui parut, en 1840, sous le titre de Feuilles au Vent^ publiées par les soins de quelques Lyon-