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A M. Alphonse de Lamartine,

Poète, j’eus toujours des chants pour le» poètes. (Victor Hugo.)

Des monts de Phanuel l’ombre était descendue Et le calme du soir régnait dans Tétendue, Quand survint dans la plaine un farouche étranger. Jacob le voit, s’élance et l’entraîne en sa chute ;

Et quand le jour finit la lutte Israël reconnut le divin étranger.

Tel est l’esprit de feu que combat Lamartine ; Mais, soit qu’il suive Harold aux champs de Salamine, Soit qu’au tombeau d’Elvire il penche un front rêveur, Ou qu’il montre Socrate à son heure suprême,

De sa coupe adorant l’emblème, Plus nerveux qu’Israël, Lamartine est vainqueur.

Vers ces bords de la Saône où rêva ton enfance,

Dans ce vallon natal qu’afflige ton absence,

Que de fois, j’ai relu tes chants mélodieux !

Là, quand mourait le jour, à l’ombre du vieux chêne,

Les belles vierges de l’Ismène Venaient te révéler tous les secrets des dieux.

Le siècle avec respect redit le nom d’Elvire Et pleure la beauté que célébra ta lyre... Les palmes de l’Elide ont payé tes travaux. Ton char a fait voler l’olympique poussière,

Il est au bout de la carrière Et mon œil dans la poudre a cherché tes rivaux !

Quel poète vivant eût pu dédaigner de tels éloges qui ne s’adressent, d’ordinaire, qu’à leur tombe ! Ainsi fit Lamartine lui-même de ceux qu’il écrivit à Alfred de Musset, trop tard pour que le poète de la célèbre Lettre à Lamartine eût pu, avant sa mort, en recevoir la trop froide réponse : (( Pardonne, enfant : je ne t’avais pas lu ! » Un seul en avait obtenu une réponse qu’il n’avait, d’ailleurs, pas demandée et l’on sait comment Marceline Desbordes-Valmore