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de si anciennes et si vénérables origines ? On arrêta De Loy au passage, et la rédaction du premier Journal officiel du Brésil lui fut confiée, sous le titre de VEstrella Brasilleira, A ce titre l’empereur, conquis par son poète, ajouta la charge aussi financière qu’honorifique de « Gentilhomme de la Chambre ». De Loy écrivait la langue portugaise, comme la sienne propre, et il y composait des poésies dont la valeur réelle autorisait les honneurs que l’on rendait à leur auteur comblé. Mais quel sujet fut mieux chanté par cet autre Milton, que le Paradis perdu ? En 1824, la noble Croix du Sud et les brillantes Luciades rendaient à la France son beau poète. Le pauvre gueux purgea presque aussitôt à la prison de Sainte-Pélagie une condamnation pour dettes, en compagnie d’Ouvrard et Swan.

En 1826, Aimé de Loy, revenant du Portugal où sa muse célèbre en cette langue n’avait pu trouver d’emploi, arriva, par Genève et Vevey, à Lyon où Y Indépendant donna une première occupation à sa plume de journaliste.

Je vis, écrit Rastoul, un jeune homme d’une taille médiocre, mais avec Torg-anisation puissante, particulière aux Francs-Comtois. Ses traits, sans être réguliers, indiquaient un homme supérieur ; son teint basané trahissait l’influence du soleil des tropiques ; une forêt de cheveux noirs et touffus ombrageait sa tête aux vastes proportions. Il parlait peu et je ne sais quelle réserve diplomatique se mêlait à ses paroles. Un voile de mélancolie et même de tristesse Tenveloppait tout entier, sans nuire à cette exquise politesse que donne l’habitude de la haute société ^

Qu’était-ce que V Indépendant ? C’était un des premiers organes qui se fondèrent dans les provinces de France, pour favoriser le Régionalisme de notre pays si varié par ses productions et par ses coutumes, et pour combattre la centralisation nationale à Paris « république des loups et non des lettres », comme l’avait déjà dit Beaumarchais. A cet Indépendant dont Aimé de Loy prit la direction, s’adjoignit V Académie provinciale qu’il constitua, le 18 octobre, en douze articles dont le premier la divisait en trois sections

1. Feuilles au Vent, p. xxviii.