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Vent^ — le représente de profil, en médaille romaine, dans le style classique dont ses beaux vers furent le plus souvent frappés. De tête puissante et de solide encolure, sa replète corpulence fait deviner un type de résistance à toute épreuve et plutôt, dans sa cravate de docteur et son hausse-col de l’époque, un homme de loi que son propre nom évoquait, qu’un pharmacopole ou autre débitant d’orviétaneries qui ne paraissaient pourtant pas indignes de ^son allure à tout oser. Si Lucrèce ou Brutus, au lieu de la toge, eussent porté la redingote, ce type d’intelligence moderne aurait pu ressembler à ces grands ancêtres dont il avait pu hériter l’âme audacieuse, comme il en possédait par l’étude la langue savante et les rythmiques périodes. Mais, à l’observer de plus près, s’il eût fallu chercher sa ressemblance parmi ses contemporains, c’est entre la figure hautement sereine d’un Gœthe et le masque énigmatique d’un Werther qu’on l’eût peut-être bien trouvée.

Quel fut donc cet original poète romantique, dont les initiales A. de L. et la valeur des vers donnèrent le change à Lamartine et à Chateaubriand eux-mêmes, dans les circonstances que l’on sait ?

Originaire de cette Franche-Comté mi-française et miespagnole, — comme son contemporain et compatriote Victor Hugo qui tint son bon sens de la race bourgeoise dont se prévalurent ceux de Calais, et sa folie de celle qui inspira diversement leCid de Tolède et don Juan de Marana, — ce Jean-Baptiste- Aimé de Loy naquit à Plancher-Bas (Haute-Saône), en 1798, dans la confortable maison d’un bon papetier de province. Sitôt grandi et sagement élevé dans les disciplines latines par le curé de sa paroisse, il préféra la vie aventureuse des libres étudiants dans les diverses Facultés qu’il fréquenta, à Besançon, à Dijon, à Strasbourg, à Toulouse enfin où, en quelques mois d’application, ses dons exceptionnels lui valurent le double doctorat du Droit et des Lettres. 11 suivit le Droit tout de travers, et les Lettres tout droit, pour en venir où l’on va voir.

On était en 1818 et ej pleine Alfaire Fualdès qui inspira