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M™* Desbordes- Valmore annonçait à l’éditeur Charpentier l’envoi, le 16 mars 1840, en ces termes :

« Chargez-vous de vendre un beau volume d’Aimé de Loy. Bien qu’imprimé à Lyon tout récemment, il est beau. Le poète est hors ligne, mort tout jeune et fatalement. M. de Sainte-Beuve doit vous en parler et en parler lui-même publiquement. L’éditeur Boitel, de Lyon, demande si vous voulez vous charger de quelques volumes en dépôt, et comme il ne connaît pas une âme (que la mienne très solitaire à Paris, près de fuir encore vers Lyon), il désire que vous vous chargiez des annonces et demande ce qu’elles coûteraient, afin de vous rembourser cette avance. Il est sûr, et cette publication est pour lui une œuvre de cœur ; car il était l’ami d’Aimé de Loy qui nous a tous rendus bien malheureux, en se tuant !... »

C’était donc votre mort que vous chantiez, poète, Quand votre voix jeta, sa plus tendre clameur, Comme le cygne antique errant sur Teau muette Dans les derniers frissons d’une fièvre inquiète, Qui chante et pleure et meurt !

Et moi, qui vis vos yeux pleins d’ardente lumière Sur mon obscur chemin passer, comme un flambeau ; Moi, faible, destinée à mourir la première, Me voilà donc vivante et seule à cette pierre Qui fait votre tombeau !...

Cette pièce, Aux mânes d^Aimé de Loy ^ que j’ai recueillie dans le récent volume des Manuscrits de Marceline., en rappelle une autre qu’avant 1830 M™® Desbordes- Valmore avait publiée dans V Almanach des Muses et modestement adressée aux simples initiales A. de L., qui n’étaient autres que celles d’un poète inconnu dont le nom Aimé de Loy n’eût rien évoqué dans l’esprit des lecteurs. Quel autre poète qu’Alphonse de Lamartine pouvait avoir le privilège de ces initiales, qui servaient de titre suffisant à ces vers de l’admirable pauvre poétesse, alors en panne, à Lyon :

Nacelle abandonnée,

Errante comme moi,