Page:BoyerDAgen - Les Amities litteraires de Debordes-Valmore.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 10 —

M""* Récamier, que j’ai revue hier, et M. de Chateaubriand m’ont prise en affection plus vive... J’ai rappris, une heure, la puissance du génie. M. de Chateaubriand s’écoutait avec une rigueur intègre. Son lecteur (de ses Mémoires) était clair et sec, mais le style I mais ces ailes de l’aigle qui battaient dans l’air !...

Et de l’humble poétesse qui corrigea les épreuves typographiques du dieu, comme de ses autres grandes sœurs dans le culte divin des Muses, tout au plus aux dernières pages des Mémoires, cette phrase d^ Outre-Tombe tombant dédaigneuse et glacée, comme une goutte d’encre ou d’eau sur quelques noms de femmes pourtant célèbres, sur les marbres funèbres de leurs gloires à jamais ensevelies peut-être dans leurs ombres littéraires :

La nouvelle école a jeté ses pensées dans un autre moule : M™* Tastu marche au milieu du chœur moderne des femmes poètes, en prose ou en vers, les Allard, les Waldor, les Valmore, les Ségalas, les Revoil, les Mercœur, etc. _, etc., Castalidum turha !

L’oraison funèbre finit ainsi. Et l’on s’étonne que le (( grand maître des cérémonies », qui n’a pas quitté son siècle sans y prononcer aussi la sienne en six volumes de ces Mémoires d^ Outre-Tombe, corrigés en partie par la plus dévouée de ces Gastalides funèbres, ait oublié d’y remercier publiquement, non l’humble Desbordes-Valmore ni l’obscur Aimé de Loy, mais le grand Lamartine donnant au grand Chateaubriand qui n’y répondit pas, avec cette dernière lettre, une bien inutile leçon.

II

LAMARTINE ET A. DE L.

Le 28 mai 1 834, à St-E tienne, un grand inconnu des Lettres mettait violemment fm à sa vie jeune encore, après avoir dit adieu à trois poètes de son âge tendre et de son cercle familier, F. Coignet, Anlonin de Sigoyer et A. Couturier, qui publieraient incessamment ses poésies posthumes sous le titre de Feuilles au Vent^ par Aimé de Loy, et dont