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Voici de Béranger la lyre populaire Qui rappelle au Sénat l’auguste consulaire : « Chateaubriand^ pourquoi cet exil si cruel ? Reviens I Pourquoi nous fuir ? La France gémissante Ne veut plus se passer de son étoile absente : Reviens briller dans son beau ciel ! »

Hélas I ta voix d’augure, inutile Cassandre, Aux abords de Saint-Gloud n’a pu se faire entendre ; Et voilà que, jouet de la fatalité, Œdipe a disparu dans le sein de l’orage : Cesse de t’attacher aux débris du naufrage, Reviens près de la liberté.

Le temps, comme un faucheur, abat les vieilles races : Tes pas de Sparte à peine ont retrouvé les traces ; Les vers ont dévoré le cadavre de Tyr ; Mais le sol des héros, mais la terre d’Antée, Cette France par Rome et la gloire enfantée, Ainsi que toi ne peut mourir.

Ce poème, signé A. de L., était trop honorablement présenté par les Débats, et par ce pince-sans-rire, M. Bertin, pour que les autres journaux moins suspects d’ironie hésitassent à le reproduire, en rétablissant in extenso sa signature probable. Quel autre augure du Parnasse des muses et de la couronne de France, que Lamartine lui-même, eût pu mieux apostropher ce Calchas malchancheux de la monarchie de Juillet, dont amis et adversaires admiraient le génie infortuné ? Qui protesta cependant ? Le seul qui y eut droit et qui ne s’en fît point défaut, par la lettre suivante adressée par M. de Lamartine au rédacteur du Messager des Chambres, le 14 octobre 1831 et reproduite entre autres journaux par le Temps du 20. Cette lettre disait au directeur de cette feuille :

Monsieur,

Vous avez inséré dans votre numéro du 1 1 octobre une ode à M. de Chateaubriand, signée de mon nom. Les vers sont dignes du grand écrivain auquel ils sont adressés ; je serais heureux de les avoir écrits,