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VEUVAGE BLANC

dont on a retrouvé de faibles traces. Celui de Labiénus, peut-être, quand il fit campagne contre les Lingons.

— Tu vois, dit le général en riant, me voici avec du pain sur la planche. Nous en reparlerons… d’autant que je sens grand besoin de me documenter sur la matière.

Et avec un sourire goguenard :

— Enfin, poursuivit-il, j’aurai mon travail sur la réorganisation de l’armée, l’épée de chevet de l’officier général en retraite, chacun son plan de réformes, toutes meilleures les unes que les autres. Cela ne fait pas de mal, puisque cela reste sur le papier et c’est toujours bien aussi intelligent qu’une collection de timbres. M’ennuyer ?… À d’autres, mon bon… J’en aurai plein les mains au contraire.

— Alors, c’est chose résolue ?

— À peu près. Ainsi, auprès des tombes de ceux que j’ai aimés, attendrai-je que, pour m’envoyer les rejoindre, la mort vienne me chercher dans mon lit puisqu’elle n’a pas voulu de moi au feu, ce que j’eusse préféré certes. Enfin, l’essentiel c’est de bien mourir. J’y tâcherai comme j’ai fait de mon mieux pour bien vivre. Et peut-être ma côte d’amour ne sera-t-elle pas trop mauvaise quand je me présenterai au grand rapport de là-haut.

Pratique, le notaire revint aux choses concrètes.

— Ta maison aura besoin de quelques réparations.

— Elle durerait bien toujours autant que moi. Enfin je verrai le maître maçon.

Et comme Me Sigebert déclamait :


« Passe encore de bâtir, mais planter à cet âge… »


— Voilà bien, reprit-il, la tristesse de ma vie. Pour qui planterais-je, en effet, et même bâtirais-je ?