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VEUVAGE BLANC

dans le Daily Mail de Paris et dans des journaux de Londres. Mais par la voix de la publicité, il y a tellement de concurence… J’ai donc pensé, monsieur, que peut-être dans vos relations personnelles vous pourriez me trouver cela.

By Jove ! s’exclama le jeune homme, frappé par le calme et la fermeté de ce langage auquel il ne s’attendait guère… Je demande votre pardon, mademoiselle, mais cela est si soudain… j’étais si loin de me douter… enfin c’est une chose qui sonne telle­ment absurde…

— C’est que vous ne connaissiez pas ma position. Mon père avait fait de mauvaises affaires et je me vois obligée de me suffire à moi-même. Mes cousins Sigebert sont la bonté en personne, mais je ne saurais abuser de leur affectueuse hospitalité… Puis-je espérer, monsieur, que vous vous en occuperez ?

Remis de sa prime surprise, et sa mentalité anglo-saxonne estimant assez normal après tout cet acte d’indépendance, Randolph Curtis promis de « ne pas laisser une pierre sans être retournée » pour découvrir ce qu’elle souhaitait.

— Si vous le voulez bien, ajouta-t-elle, ceci restera tout à fait entre nous. Une superstition que j’ai : les choses réussissent bien mieux quand on n’en parle point à l’avance.

— Louise, Louise ! cria une voix aiguë…

Et Julie, en costume de tennis, apparut au détour de l’allée.

— Pardon si je vous dérange… N’auriez-vous pas vu ma raquette ? Je crois l’avoir posée sur le banc… Mais non, elle ne s’y trouvait point. Le jeune homme ayant pris sa machine par le guidon pour sortir du jardin et se mettre en route, Mlle Sigebert cadette se rappela soudain l’avoir laissée dans le vestibule.