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VEUVAGE BLANC

l’affectueuse familiarité excluait toute apparence de hardiesse, lui mit la main sur le bras.

— Pas encore, cousine, voulez-vous ? Puisque le hasard de l’entretien nous a fait parler de ces choses, il me plairait que vous fussiez la première à être informée de certains projets… Car vous me comprendrez, j’en suis sûr. Poussons jusqu’au petit bois. Nous n’y serons pas dérangés… Vous êtes la seule ici à avoir des goûts aussi bucoliques.

Quelques instants plus tard, assis tous deux sur la mousse, elle dans une jolie attitude de personne qui sait écouter, les mains croisées sur un genou, la tête légèrement inclinée, les yeux dans les yeux de celui qui parlait, lui ayant demandé la permission d’allumer une cigarette, il commença :

— Ce n’est pas, vous le pensez bien, aux fins de lui faire visiter notre estimable chef-lieu, malgré le juste renom de sa cathédrale, les mérites de son hôtel de ville gothique et de sa moyenâgeuse chapelle des Templiers que j’ai amené Curtis. Il s’agit d’une affaire me concernant et sur laquelle, bien qu’absolument décidée dans mon esprit, je veux pour la forme, consulter mes parents. Ce brave camarade avec qui, en quinze jours, je me suis lié de la plus solide amitié… mais oui, cousine, il n’en faut pas davantage, Curtis donc m’ayant beaucoup parlé de son pays, je me suis monté le bourrichon à en perdre le boire et le dormir.

— De l’amour, alors, remarqua Louise avec une petite pointe de gaîté.

— Tant et si bien que… ce sont vraiment des hasards comme on en voit dans les livres… ne me propose-t-il pas de m’emmener avec lui ? Leur élevage prend chaque jour du développement. Son père se fait vieux. Lui est plus amateur de sport que de travail. Bref, il y aurait place pour moi, nous ne savons encore trop à quel titre et dans quelles conditions, mais ceci