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LE PREMIER VIEUX.

Et dans les fins d’après-midi comme celle-ci, tout le métal vermeil qu’on lui offrit jadis, elle le fait danser à la lumière du soleil.

Entrent les danseuses qui sont tous les rayons du soleil, habits légers pailletés d’or. La première danseuse étant le soleil, et les autres, les rayons… Danse légère symbolisant les jeux de la lumière sur la Meuse à l’heure dorée. Les deux vieux se sont tus ; ils allument leur pipe ; ils se tournent vers la Meuse. Parfois ils feront un léger geste pour se montrer quelque chose. Ils dodelinent de la tête. L’un d’eux s’endormira. Ils sont en état de grâce.
Le ballet terminé, deux amoureux entrent, sens opposé à celui où sont assis les deux vieux. Elle porte une robe claire ; elle a dans les bras un énorme bouquet de graminées, de marguerites, d’églantines, de reines de pré. Il y a dans la prairie une meule de foin qui les dérobera aux deux vieux… Les deux vieux se tournent vers eux un bref instant, sourient, reprennent leur pose, regardant la Meuse, leur tournant le dos — ils s’étendent au pied de la meule.
(Orchestre : thème d’une chanson d’amour.)
LUI.

Je t’aime.

ELLE l’embrasse longuement.

Comme te voilà belle, ma chérie, au milieu de toutes ces fleurs de nos prés, belle comme une fleur.

ELLE, souriante et rougissante, lui donne des fleurs de sa gerbe. Elle les éparpille sur sa tête. Ils rient. Il les prend, les rassemble et les baise.
LUI.

C’est comme si je baisais tes lèvres ; les fleurs de nos champs ont le parfum de ton corps et tes lèvres ont leur parfum.