toueur qui les emmenait, mon projet s’évanouissait avec le ruban bleu dans le ciel de chez nous.
On n’entendait ici, jadis, point de bruit, n’étaient l’appel des remorqueurs, le pas des chevaux sur le chemin de halage, le ronron sempiternel du barrage écumant de l’écluse proche, parfois une chanson et le cri des oiseaux.
À présent il y a les autos qui pétaradent, le halètement des bateaux à moteur. On dirait des asthmatiques.
Et puis tout le boucan que font les troupes de touristes, en partie de plaisir, comme ils disent.
Il faut leur pardonner, mon ami, car ils ne savent ce qu’ils perdent. La Meuse ne se donne bien qu’à ceux qui la respectent. Sa beauté n’apparaît qu’à ceux qui l’aiment, comme elle demande à être aimée, avec tendresse.
C’est une fée.
C’est une déesse. Autrefois, dans les vieux temps, à certains endroits, on jetait dans ses eaux, comme une offrande, des pièces d’or.