Oui, c’est beau.
J’ai beaucoup voyagé, couru le monde, admiré des merveilles, de hautes montagnes couvertes de neiges éternelles.
Les Alpes ?
Les Alpes et les Pyrénées. J’ai vu le Jura avec ses verts prés, le Rhin et le Rhône majestueux, l’heureuse Dordogne, la Loire et ses châteaux, et je suis revenu vers la Meuse comme vers une vieille maîtresse.
Moi, je demeurai près d’elle toute ma vie et je ne me suis jamais lassé de la regarder et je l’aime, vieillard, comme l’on aime l’enfant de son enfant.
Tu n’as jamais songé à t’en aller.
Que si ! Parfois, en voyant passer les bateaux aux noms évocateurs… Europe, Asie, La Saône, Paris, en lisant, sur leur flanc, l’inscription indiquant leur port d’attache : Rotterdam, Dusseldorf, Rouen, tant de noms de villes et de pays, il m’est advenu de les suivre, en rêvant, au fil du fleuve.
Et ?
Et quand mon regard atteignait l’horizon, quand au sortir de la courbe, derrière le rocher, je voyais s’élever la fumée du