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LA FÉE ESPACE.

Mais les villes et les villages renaissent de leurs cendres, les fleurs repoussent sur les berges, les fruits reconquièrent les vergers et les flots apaisés ne sont plus que douceur.

LE DIEU TEMPS.

Car la voie millénaire où passa le barbare à la bouche tordue de fureur, est celle aussi par où s’avança la civilisation une chanson aux lèvres. L’esprit survit à la matière et la grâce renaît triomphante là où crut vaincre, insensée, la violence.

SCÈNE III.

Dinant.


La place de l’Église à Dinant. — Au fond de la place à gauche, la collégiale. Vieilles maisons formant le fond ; à droite, bordant la coulisse, le bord de la Meuse ; muraille basse. Venant de gauche (direction Godinne), le cortège du Téméraire débouchera sur la place au moment où l’on précipitera à la Meuse les Dinantais ; on les jettera à droite au-dessus de la muraille.

Sur la place un groupe important d’hommes et de femmes, des enfants, un prêtre. — Le groupe est muet ; une lourde inquiétude pèse. (Atmosphère musicale.) Les hommes, prêtre compris, sont debout — les femmes accroupies, certaines agenouillées ; elles serrent des enfants dans leurs bras — des hommes marchent de long en large bras croisés — le prêtre prie ; on voit remuer ses lèvres — il égrène un chapelet.

On entend dans le lointain des tambours et trompettes en marche — les hommes qui marchaient s’arrêtent — le prêtre se signe, des femmes gémissent, un enfant pleure.

Le chant des trompettes augmente, des femmes se tordent les bras, des hommes lèvent le poing — le prêtre va de groupe en groupe, appelant au calme.