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LE DIEU TEMPS.

Là, l’eau du ciel dessina des figures bizarres ; le calcaire qui affleure la roche ronde y précipite des cascades gelées ; on dirait des milliers de stalactites. Regarde ce château de rêve à l’assaut duquel montent des lierres, là cette dent de pierre mordant la verdure.

LA FÉE ESPACE.

Et dans le miroir légèrement balancé des eaux, dans le vert foncé du fleuve, s’agitent un monde de serpents d’or, d’argent et de violette que tord la brise et que coupent en tronçons les chalands.

(Développement musical.)
LE DIEU TEMPS.

Sur l’onde, les martinets au ventre blanc, venus des roches pointues, battent des ailes dans un cri, et, là-haut, tout là-haut, au-dessus de la chevelure verte des roches, criaillantes et babillardes, des corneilles tournent, tournent, se poursuivent, s’appellent, montent, montent vers les nuées en répétant leurs notes alternées.

(Les martinets et les corneilles tournoyent autour des roches et s’enfuient.)

Elles descendent brusques, coupent d’un coup de leurs ailes la muraille de pierre, elles rasent le taillis épais, le chêne découpé sur l’horizon et, vers les nuages qui voguent, vaisseaux gris sur le ciel, elles montent, elles montent, à l’infini.

(Les deux thèmes se rejoignent et éclatent, mêlés, en un ballet.)
Les libellules, les abeilles, les corneilles, les martinets, les rayons du soleil, qui ont à différentes reprises passé autour des rivières et des roches pendant le dialogue puis sont rentrés dans les coulisses, rentrent pour le ballet.