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vous, les oiseaux, les fleurs, les choses et les gens,
les barques, les chalands, les vergers, les prairies
au pied des coteaux verts que l’avril refleurit.

LA FÉE ESPACE.

Unissez vos accents, nouez vos symphonies
Inspirez César Franck et Méhul, et Grétry
Toutes beautés par eux, en une réunies,
vivent dans la douceur de quelques airs wallons
et l’âme de la Meuse habite les violons
des aïeux de Vieuxtemps et des fils d’Ysaye.

(Musique de Franck, Vieuxtemps.xxxxx
Quelques mesures du Chant du départ.)
LE DIEU TEMPS.

Tout est grâce et douceur, elle est femme, la Meuse.
Sa croupe ondule dans les prés et l’on dirait,
en octobre, qu’elle a, nimbés d’ombre brumeuse,
coiffé les cheveux lourds et roux de la forêt.
Parfois, comme une femme, elle bondit, farouche,
elle frappe, elle griffe, elle crie, elle mord,
elle crache ses fleurs et, l’écume à la bouche,
brisant tout devant elle, elle hurle à la mort.
Sanglante et révoltée elle a pour nom : Théroigne.
Sa chanson, ce n’est plus « Où peut-on être mieux »,
C’est un cri de combat, cent ruines en témoignent,
C’est la voix de Méhul qui monte vers les cieux.

Pendant que parle le Dieu Temps, développement à l’orchestre du thème de l’inondation, de la Meuse torrentielle envahissant soudain les berges, brisant, emportant tout — mesures du Chant du départ.
Le rideau s’est ouvert et l’on voit derrière un voile de tulle les soldats de la République traînant un canon, auquel s’accroche, tirant de toutes ses forces, Théroigne de Méricourt.