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SCÈNE IX.

De la musique avant toute chose.


Devant le rideau, le dieu Temps et la fée Espace. La musique qui accompagnait la danse continue en sourdine.

LE DIEU TEMPS.

Les mots sont impuissants et la teinte subtile
fuit le peintre qui la poursuit.
Sa beauté de l’aurore aux ombres de la nuit
est si multiple et si mobile
que la toile et le vers ne la peuvent fixer.

LA FÉE ESPACE.

De sa source à l’Ardenne et d’ici jusqu’à Liège,
elle a mille contours, mille gestes racés.
On pensait la saisir et l’on est pris au piège ;
dans le regard conquis on gardait sa clarté ;
dans ses doigts refermés on croit tenir son onde,
et déjà, loin de vous, elle court par le monde,
vêtue d’une neuve et parfaite beauté,
pour le poète ou pour le peintre, inexprimable.

LE DIEU TEMPS.

Oui c’est là le miracle et la chose ineffable.
Et la seule musique, art entre tous mouvant,
sait te chanter ô Meuse,
sait te chanter ô Meuse, xô le rire du vent
dans les roseaux, le vol nacré des libellules
et toi, le soleil d’or sur les roches d’argent,
et vous, tous les clochers bleus qui tintinnabulent,