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Apaisement


Ma chair et mon âme sont las
Moins d’avoir trop lutté que de vaines victoires.
Ma bouche, semble-t-il, à des vins forts put boire,
Que reste-t-il de tout cela ?

L’ivresse est dissipée, adieu temps révolus
Qui me brûliez de votre fièvre.
Car vous avez laissé, vous, dont je ne veux plus,
trop d’amertume sur ma lèvre.

Je ne me plains de rien pourtant.
Mon cœur, fier et meurtri, vient de briser sa chaîne.
Non, je n’étais pas fait pour vivre dans la haine
et l’égoïsme de ce temps.

Ô toi, que j’ai connue enfant, vers notre amour
Qui me garda dans la bourrasque,
Je reviens de là-bas, comme on revient au jour
après un cauchemar fantasque.

Auprès d’une jeunesse en fleur,
à deux, nous finirons tendrement notre vie.
J’en sais qui souriront — je les plains s’ils sourient —
de notre très humble bonheur.