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LE PREMIER POILU.

La Meuse.

LE SECOND POILU.

Nous v’là ici comme deux vieilles bêtes.

LE PREMIER POILU.

Ou comme deux enfants.

LE SECOND POILU.

Vois-tu Jérôme, j’avais besoin de la revoir. Tout à l’heure on reprendra sa place là-haut, au Poivre, avec les autres, mais il me fallait la revoir.

LE PREMIER POILU.

Ce n’est qu’un peu d’eau qui coule.

LE SECOND POILU.

C’est comme si je voyais passer ma vie devant moi.

LE PREMIER POILU.

Quand on était gamin et qu’on venait se baigner.

LE SECOND POILU.

Quand on s’arrêtait près d’elle, avec sa bonne amie.

LE PREMIER POILU, s’exaltant de plus en plus.

Ce qu’on sait maintenant c’est qu’on l’aime, c’est qu’elle est à nous, c’est qu’il ne faut pas la laisser prendre par ces cochons-là.

Le jour s’est complètement levé ; il n’y a plus de brouillard sur la Meuse. Roulement de canon… On entend le tac-tac-tac d’une mitrailleuse.
LE SECOND POILU.

Gueule pas si fort… tais-toi.