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Quelles sont dans les eaux de la Meuse ces lueurs ; quelles sont ces images sorties des eaux !

-----(Épouvantée et éblouie.)

Jésus, Marie ! Sainte Marguerite ! Sainte Catherine ! Saint Michel !

« Deux nobles dames habillées comme des reines et un vrai prudhomme (c’est-à-dire un chevalier)[1] » s’avancent comme s’ils sortaient des eaux de la Meuse ; ils s’approchent lentement et viennent jusque près du vieux hêtre.
Jeanne ouvre les bras et retombe à genoux, la tête renversée, — pendant l’apparition et sa marche très lente, pas un mot.
(Atmosphère musicale.)
Jeanne reste en extase. Les lumières s’évanouissent, les apparitions aussi. Le soir descend de plus en plus épais. Jeanne est immobile. La musique continue tout un moment.
On entend en coulisse Jacques d’Arc qui appelle :

Jehanne !… Jehanne !…

Jeanne ne bouge pas. Porteur d’une lumière, Jacques d’Arc s’approche. Il cherche en bougonnant. Il reconnaît Jeanne, toujours en extase. Il la touche à l’épaule, il éclaire son visage :

Et bien, petite, que fais-tu là ? Tu dors ?

JEANNE.

Père, père, j’ai vu sainte Marguerite, sainte Catherine, saint Michel.

JACQUES D’ARC, paternel et très doux, lui caressant les cheveux.

Allons, Jeannot, allons…

JEANNE, toujours inspirée.

Ils m’ont dit que je devais aller à Vaucouleurs.

  1. Notes tirées de l’ouvrage de Pierre Champion.