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À ma femme.


Liens


Voici l’heure où déjà la lumière décroît
adoucie en sa force, affinée et plus chère,
l’heure où croulent les feux mortels qui me brûlèrent,
où me semble moins lourde, à l’épaule, ma croix.

Où je vous vois au loin sombrer, folles nuées,
hier, nuages bas qui pesiez sur mon front,
Où je vous ressaisis, souvenirs qui vivront
resurgis, purs et forts, des cendres remuées.

Où je noue, à nouveau, ma vie à des liens sûrs,
où je reprends ma place à ma rive mosane,
heureux d’une eau qui fuit, d’une fleur qui se fane,
d’un rayon de soleil dansant sur de vieux murs.

Ma femme, viens t’asseoir, sous ces épines roses
Vers le lointain, tendons nos âmes, sans parler
Comme des ailes au ciel bleu de gris perlé.

En silence, écoutons ce que disent les choses.