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Terres latines


Quand je suis revenu de ce pays latin,
de la Provence aux cyprès noirs, aux tuiles roses,
aux mas silencieux que les roseaux enclosent,
qui sentent le soleil, la lavande et le thym,

Quittant les amandiers et les pêchers en fleurs
dont les bouquets légers, dans les ceps, s’éparpillent
et les ajoncs dorant la blancheur des Alpilles,
J’avais l’âme et les yeux emplis de leurs couleurs.

Mais c’était plus que des couleurs ; vous reviviez
au fond de moi, les souvenirs peuplant la plaine,
l’arcade triomphale et la maison romaine
et toi, le vieux berger, dans ton champ d’oliviers.

Vous reviviez, tous ceux de Daudet, de Mistral,
Vous que je fus revoir à Maillanne, à Fontvieille,
Rose Mamaï, Ramon, la Renaude et Mireille,
Balthazar, Frédéri, Vincent et Calendal,

Vous qui, jadis, durant mes nuits d’adolescent,
Vous évadiez des pages blanches de mon livre
Et qu’hier, sous un ciel dont la clarté m’enivre,
Je suis venu serrer sur mon cœur frémissant,