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L’hospice


Ce sont de petits vieux assis sur de vieux bancs,
décolorés, branlants, dans le jardin vétuste.
On y voit rabougris, tortus et chargés d’ans
des arbres, quelques fleurs, anémique un arbuste,

De trois côtés, des murs que le temps a salis
Où ses dents ont mordu cassant briques et pierres.

Tout est grisaille ici, tout a des tons pâlis,
Jusqu’aux regards presque endormis sous les paupières.

Les vieilles et les vieux sur les bancs sont assis,
L’une tricote et l’autre fume ou tous deux prisent.
Jusqu’au jour de la mort, ils le savent, ainsi
leurs heures passeront sans chocs et sans surprises.

Parfois l’un d’eux dira : Joséphine ou Mathieu
N’a pu quitter le lit, on a mandé sa fille,
Ma Sœur a fait venir le prêtre et le Bon Dieu…

Et, ce jour, ils tiendront un peu plus à la vie.