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Billard m’avait réellement froissé. Pourtant, je ne pouvais m’éloigner de son quartier.

Je marchais vite dans les rues où je pensais avoir été remarqué, lentement dans celles où j’allais pour la première fois.

Une femme qui boitait me fit songer à Nina. Il était impossible que celle-ci aimât Billard. Elle était trop jeune. À dix-huit ans on ne cohabite pas avec un homme de quarante ans, à moins d’être contraint de le faire.

Petit à petit, la pensée d’aller chez Nina s’infiltra dans mon cerveau.

Je m’en sentais le courage. Quand je suis seul avec une femme, ma timidité ne me gêne plus. J’ai l’impression que celle-ci me rend sympathique.

Oui, je saurai parler à cette jeune fille. Je lui dirai du mal de Billard. Elle me comprendra. Elle le quittera. Et, qui sait ? peut-être m’aimera-t-elle !

À la vue de la boule blanche de l’hôtel du Cantal, j’eus la sensation que, pour ne pas m’éveiller dans un beau rêve, je me forçais à dormir.

Je pénétrai dans l’hôtel en essayant de me convaincre que je venais directement de chez