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Malheureusement, les deux hommes me dépassèrent sans m’adresser la parole.

La certitude d’avoir été vu m’empêcha de recommencer cette comédie.

Vraiment, je n’ai pas de chance. Personne ne s’intéresse à moi. On me considère comme un fou. Pourtant, je suis bon, je suis généreux.

Henri Billard était un goujat. Jamais il ne me rendrait les cinquante francs. C’est toujours ainsi que le monde vous récompense.

J’étais triste et furieux. L’impression que ma vie tout entière s’écoulerait dans la solitude et la pauvreté augmentait mon désespoir.

Il était à peine quatre heures. Il fallait que j’attendisse au moins deux heures avant d’aller au restaurant.

Des nuages transparents couraient sous d’autres nuages noirs. Les rues perdaient l’atmosphère fatigante de l’après-midi, sans doute à cause des journaux du soir.

J’ai observé que ces journaux réveillent les passants, même ceux qui ne les achètent pas. Un journal est fait pour être lu le matin. Quand il paraît le soir, on a la sensation qu’une raison importante l’y oblige.