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Alors une idée bête et étrange traversa mon esprit.

Je m’engageai dans une rue parallèle et je pris le pas gymnastique. Lorsque j’eus parcouru une centaine de mètres, je regagnai par un passage transversal la rue que je venais de quitter.

Immobile devant une boutique, j’attendis.

Pour étouffer le halètement de ma poitrine, je respirai du nez. Mes chaussettes retombaient sur les tiges de mes souliers.

Les deux hommes approchaient. À entendre le claquement de leurs quatre semelles, on eût dit qu’un cheval marchait sur le trottoir.

Dans quelques secondes, Billard et son compagnon, seraient là.

Je n’osai plus regarder la vitrine du magasin de peur que mes yeux ne rencontrassent ceux de Billard, dans la glace.

Un instant, j’eus l’intention de me retourner, avec un air distrait. Mais je craignis que cet air distrait ne parût pas sincère.

D’ailleurs, Billard me verrait. La rue était étroite. Il s’imaginerait que je flânais et il me parlerait le premier.

C’était ce que je désirais.