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Je sentais que Billard me recevrait mal. Le jour qu’il m’avait demandé les cinquante francs, j’aurais dû les donner tout de suite. Certainement, il m’en voulait de l’avoir fait attendre.

Pourtant, je restai là, au coin de la rue, guettant l’hôtel.

Je regardais les fenêtres des maisons depuis quelques minutes, lorsque Billard, accompagné d’un homme que je ne connaissais pas, apparut sur le seuil de la porte.

Je voulus courir à lui, mais comme il aurait supposé que je l’avais attendu plusieurs heures, je me retins. Jamais il n’eût voulu admettre que je venais d’arriver.

Les gens ne croient pas au hasard, surtout dès que celui-ci est seul pour vous excuser.

Billard avait un cache-col neuf. Ses cheveux étaient coupés dans la nuque. Les gestes qu’il faisait en parlant me semblaient ceux d’un étranger. J’ai remarqué qu’il en est toujours ainsi quand on aperçoit un ami avec un inconnu, sans être vu.

Je me cachai derrière une voiture. Billard n’aurait pu me reconnaître à mes pieds.

Les deux hommes marchaient vite, au milieu de la chaussée.