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Lorsqu’on a dormi entre deux draps blancs, on peut, au saut du lit, s’examiner dans une glace. Moi, le matin, avant de me regarder, je me lave.

Dehors, le soleil dorait le dernier étage des maisons. Il ne piquait pas encore les yeux.

L’air que je respirai me faisait frais dans les poumons comme de la menthe.

Un vent léger, sentant les lilas, leva les pans de mon pardessus qui ressembla alors à une capote de soldat.

Il n’y avait ni oiseaux, ni bourgeons ; cependant c’était le printemps.

J’avais envie de marcher. D’habitude, en sortant de chez moi, je me dirige vers la rue de Seine. Ce jour-là, j’eus pour but les fortifications.

Les fenêtres étaient ouvertes. Les camisoles, raidies par le vent, qui y séchaient, se balançaient comme des enseignes de tôle. Par les portes entre-bâillées des boutiques, on distinguait les planchers rincés, déjà secs.

Dès qu’un immeuble de sept étages masquait le soleil, je doublais le pas.

Les rues devenaient de plus en plus sales.