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V


La nuit, je dormis mal.

À chaque instant, mes couvertures tombaient d’un côté du lit. Quand le froid, qui montait le long de mes jambes, m’éveillait, je tendais une main pour savoir où se trouvait le mur.

À l’aube, ma fenêtre s’éclaira enfin. La table sortit doucement de l’ombre, les pieds d’abord. Le plafond devint carré.

Soudain, le jour se fit. Une lumière nette entra dans la chambre, comme si les carreaux avaient été lavés. Je vis les meubles immobiles, de la cendre de papier dans la cheminée et les planchettes du store en haut de la fenêtre.

La maison resta silencieuse quelques minutes.

Puis une porte claqua ; le réveil des Lecoin sonna ; une voiture de laitier fit tinter les couvercles de ses bidons.

Je me levai, car mon lit était froid comme quand je fais la grasse matinée.